La Cueva de los Verdes: voyage au cœur des volcans

Entrer dans une grotte est toujours une aventure. Le faire dans une grotte d’origine volcanique, un privilège.

La Cueva de los Verdes – située à Haría, au nord de Lanzarote – attire chaque année des milliers de touristes. Quelques curieux se trouvent en ce moment à l’entrée. Nous voulons pénétrer dans les entrailles de cet accident géologique unique au monde. Assis sur un mur de pierre volcanique, nous attendons que le guide nous ouvre les portes de ce secret.

Entrée de la Cueva de los Verdes

Nous descendons les escaliers, un par un, comme des fourmis, vers l’intérieur de la grotte volcanique. Je me sens déjà membre d’une aventure car l’espace devient étroit. Je me baisse à plusieurs reprises, bien que toute personne ayant une mobilité standard soit capable de le traverser.

Ma peau commence à ressentir la fraîcheur générale à l’intérieur de la grotte. Une température agréable, entre 17º et 19º, reste stable tout au long de l’année, indépendamment du climat extérieur. Soudain, le tunnel s’ouvre, immense : nous avons atteint le premier arrêt. Et le guide en profite pour nous raconter quelques anecdotes sur la grotte.

Couleurs et textures de la Cueva

Il est étonnant que les murs de lave noire contiennent des traces de couleurs blanche, rouge et jaune. À quoi sont dues ces teintes ? « Aux minéraux qui les composent », nous explique le guide. Les concentrations de carbonate de calcium donnent une teinte blanchâtre, tandis que la couleur rouge révèle la présence de fer, et la couleur ocre est produite par les phosphates.

Nous continuons cette marche d’une heure. Je baisse la tête et remarque les magnifiques stalactites de lave solidifiée qui pendent du plafond, ces gouttes qui ressemblent à des stalactites mais sont formées de lave durcie. La musique de fond rythme nos pas. De douces notes de percussion résonnent dans les cavités, comme quelque chose de très primitif qui nous plonge dans les profondeurs de la Terre.

L’origine de la Cueva de los Verdes

Il y a plus de 3 000 ans, selon les géologues, ce terrain n’était qu’une fissure dans la montagne. Lorsque le volcan de La Corona entra en éruption, la lave se concentra dans cette vallée et coula sous forme de rivière jusqu’à la mer. Le contraste énorme de températures fit qu’une croûte rocheuse se solidifia à l’extérieur, tandis que le magma interne continua de couler, très chaud, en direction de la mer.

Une fois que le volcan de La Corona eut rejeté tout son magma dans le froid de l’océan, ce tube volcanique de 7,6 km de long, appelé Tunnel de l’Atlantide, resta vide. Et que se passa-t-il ensuite ?

Eh bien, le guide nous révèle qu’au cours des XVIe et XVIIe siècles, de nombreuses personnes de Lanzarote se cachaient dans la grotte pour échapper aux attaques des pirates venus du nord de l’Afrique. Nous savons aussi qu’une famille portant le nom de Los Verdes y gardait son bétail. C’est pourquoi nous l’appelons toujours la Cueva de los Verdes… Plus tard, au XIXe siècle, des voyageurs et des scientifiques européens scrutèrent avec fascination cet accident volcanique, et ce ne fut qu’au siècle suivant qu’elle se transforma en la Cueva de los Verdes que nous connaissons aujourd’hui…

Jesús Soto, Maître de la lumière

La Cueva de los Verdes a ouvert ses portes en 1964 en tant que partie des actuels Centres d’Art, de Culture et de Tourisme. Un an plus tard, le Cabildo de Lanzarote demanda à l’artisan de Fuerteventura, Jesús Soto, d’installer des ampoules et d’aménager la grotte de manière minimale pour que les spéléologues et les archéologues puissent y entrer pour enquêter. Mais l’artiste alla plus loin. Il utilisa ses connaissances en éclairage pour souligner, par les lumières et les ombres, le parcours sinueux de la lave, et en tira de la luminosité et du drame de la roche volcanique.

Soto a créé une visite géologique spectaculaire et unique, digne de milliers de visites touristiques annuelles, mais aussi respectueuse de l’environnement. Et c’est pour cette raison, parmi beaucoup d’autres, que l’UNESCO a attribué à Lanzarote et à son Archipel Chinijo la prestigieuse distinction de Géoparc.

Un auditorium dans une grotte ?

Nous arrivons à l’Auditorium de la Cueva de los Verdes, une salle couronnée par un piano entouré de chaises, où des concerts en direct sont souvent organisés. Si l’accès à l’intérieur d’un tube volcanique est déjà rare, imaginer qu’il existe un auditorium à l’intérieur semble tout simplement invraisemblable… Dans ce cadre naturel, le public se trouve à seulement quelques mètres des artistes. Les murs volcaniques forment la scénographie. Et l’incroyable acoustique de la cavité est tout simplement inégalable.

Dernière section de la Cueva de los Verdes

Nous laissons l’Auditorium derrière nous et montons vers la galerie supérieure. C’est ici qu’on nous raconte Le Secret de la Cueva, mais je ne vais pas vous faire de spoiler. Ceux qui le connaissent déjà le protègent avec affection pour que les futurs visiteurs en profitent comme nous l’avons fait.

En route vers la sortie, le guide nous montre la Tête du Monstre, une formation morphologique aux formes grotesques qui fera sûrement frissonner les plus petits de l’excursion. C’est alors qu’une lumière aveuglante commence à envahir nos pupilles, comme si la réalité de la surface nous réveillait d’un doux rêve : l’univers fantastique que la Cueva de los Verdes renferme dans son cœur.

Auteur : Alberto Santana

L’achat des billets pour la Cueva de los Verdes se fait exclusivement en ligne.